SCHILLING Jurgen
Vit et travaille dans l'Aude
Jürgen Schilling vit dans le Narbonnais depuis 1978.
Son travail de création a pris une tournure décisive après une série d’études menées d’après nature, dans le lit d’une rivière sèche du Minervois. Ses recherches et ses observations l’ont alors mené vers son sujet de prédilection actuel, le paysage.Passionné depuis l’enfance par le dessin appris auprès de deux artistes allemands, le sculpteur Otomar Gassenmeyer et l’aquarelliste Jochen Walte,Jürgen Schilling a été influencé par le concept de « sculpture sociale » forgé par Joseph Beuys qui,en abolissant la séparation fétichisante entre l’art et la vie, réserve au spectateur un rôle important dans la conception de l’oeuvre et insiste sur l’implication de l’artiste dans son environnement social. Option qui marque de manière décisive ses interventions plastiques dans le domaine théâtral dans les années 80, et plus tard sa démarche au CAC de Castres en tant qu’artiste associé, avec notamment à partir de 1996, son intervention en milieu psychiatrique pendant 8 ans.Ses ancrages littéraires du côté de Franz Kafka et de Samuel Beckett ou philosophiques, dans la filiation d Adorno et de l’Ecole de Francfort en Allemagne ainsi que dans celle de Gilles Deleuze en France, en font un artiste qui allie en permanence théorie et pratique.
Les rescapés et autres arbres de vie
Dans la région narbonnaise, on appelle un certain type d’arbre rescapé. Il s’agit des arbres qui ont survécu au déboisement, aux incendies, ce sont des solitaires désertés – de force- par leurs congénères. Déjà de loin, bien qu’ils apparaissent minuscules, ils s’imposent à l’œil.Se dressant seuls sur des collines, des pentes, des rochers, au bord des chemins, au milieu des vignes et des friches rurales, ils affichent une apparence pittoresque, leur allure impressionne et fascine, même en passant en voiture on les remarque.La silhouette caractéristique des rescapés semble donner une signification particulière au paysage, ils semblent marquer des lieux-dits, détenteurs d’une histoire.,Créer des paysages suggestifs avec un minimum de moyens, réduire l’expression afin de donner de l’espace pour le regardeur, un territoire pour une déambulation pensive, tel était le but de mes dessins de format modeste. Après les inondations des 12 et 13 novembre 1999, dont ma famille et moi étions victime, ce travail s’ouvrait sur une dimension plus personnelle.
Ces petits bouts de papier, vestiges de tableaux détruits, choisis dans l’optique d’une recherche minimalisant, réductrice, prenaient alors le caractère de notes de journal. Entassés, empilés sur ma table de travail, chaque jour qui suivait les inondations je choisissais au moins un morceau parmi ces chiffons, un morceaux qui m’interpellait et que j’interprétais en posant un arbre et en variant le dessin en fonction de son emplacement, tout en poursuivant l’idée initiale. Ainsi se constituait un arboretum de 365 éléments.