GRAY Victor

S/T /Fusain/ACRYLYQUE/Toile/2025/73x60cm
S/T /Fusain/ACRYLYQUE/Toile/2025/73x60cm

Vit et travaille à Toulouse

À l’écoute des yeux

[…] C’est la main qui s’impose à l’oeil comme une puissance
étrangère que l’oeil, encore une fois, a peine à suivre. Dès lors,
les référents tactiles qui exprimaient la dépendance de la main à
l’oeil, sont effectivement supprimés. Mais pas du tout parce que
c’est un espace optique pur, mais parce que la main cesse d’être
subordonnée à l’oeil, prend son indépendance complète […]

Ces mots de Gilles Deleuze à propos de l’abstraction,
prononcés en mai 1981 lors d’une séance de son séminaire sur
la peinture, ouvrent un espace de réflexion pour celles et ceux
qui vont visiter l’exposition que nous proposons des peintures de
Victor Gray. L’artiste, lui, tient au titre qu’il a donné à l’ensemble
choisi parmi ses travaux : à l’écoute des yeux. Rien à priori ne
vient s’opposer à l’intuition de Deleuze au moment où le peintre
s’anime devant la toile, mais dans les visites réitérées de l’atelier
où nous faisons ensemble le choix des oeuvres, il semble en effet,
ainsi que le suggère Victor Gray, que l’oeil écoute, tant le sien que
celui du visiteur. Peut-être, dans ce temps partagé d’immersion
dans les lignes et dans les couleurs, tendons-nous sans le savoir
à retrouver le sens que Paul Claudel donnait il y a longtemps à
sa proposition, « l’oeil écoute » : … je recommandais au visiteur
des musées d’avoir l’oreille aussi éveillée que les yeux, car la vue
est l’organe de l’approbation active, de la conquête intellectuelle,
tandis que l’ouïe est celui de la réceptivité.

Une question animait Gilles Deleuze dans son séminaire :
pourquoi la peinture aujourd’hui ? Dans cette fin d’hiver et ce
début de printemps, la visite de l’exposition de Victor Gray saura
à coup sûr répondre en partie à cette question.
Christian Thorel.

Site : Victor Gray