COSTES Felip

Vit et travaille dans l'Hérault

Ce que d’aucun appellent montagnes en parlant de mes peintures, c’est ce qui m’anime et me tient éveillé. Malgré les apparences, je ne peins pas la montagne.
Ce motif n’est qu’un prétexte.
La peinture est une aventure, une aventure toute autre, chaque peinture est une aventure, et là aussi, il faut y aller, ne pas se défausser.
Il ne s’agit pas de peindre le motif, mais plutôt de le dépasser… le ré-inventer et peindre l’émotif.
Ce n’est pas un paysage que je peins, c’est une confrontation.
Avec les éléments, le rocher, le vide, le vent, le temps, avec soi-même.
Je peins le mouvement, l’éphémère, les traces incisives de la perception, la tension, la faille qui n’existe que quand les choses bougent, quand l’air passe. 

En quête d’une inaccessible sérénité…
En acceptant le chaos. Non pas pour l’ordonner, mais pour l’ouvrir sur un ailleurs. Parce que le large existe.

J’ai exclu de mes tableaux, toute forme humaine, animale, végétale. C’est le moyen de mettre en avant la dimension archaïque, éternelle des éléments. Sinon on se raccroche trop vite à ce que l’on maîtrise,
 à ce qui reste à notre échelle…rassure.
Là, le regard peut s’approprier personnellement, intimement ce qu’il voit et ressentir tout le tremblement de cette nature, sa puissance, sa fureur, sa douceur, qui sont nôtres, qui sont aussi notre  nature intime.
Et on peut tenter de passer le cap. Le cap de nos certitudes. Se laisser aller à l’espace proposé.
Les éléments sont là parce que c’est leur place. Ils n’ont pas de doute, ils sont. 

Ces reliefs intimes sont la vie, puissante, fascinante, sauvage, âpre, avec cette multitude de voies où trouver un passage et le faire sien.
Alors dans cette peinture, il faut agencer. La matière, la densité, les secousses, le rythme, la mélodie, l’épure, les respirations, afin que le souffle qui doit transparaître dans les tableaux, puisse continuer de sculpter face à la force brutale.
Et, quelle que soit la réalité évoquée, il suffit de la laisser traverser d’absence, de silence pour qu’elle en sorte décantée et donne ainsi accès à la profondeur. 
En rendant la présence floue, évasive, on révèle un monde qui s’est affranchi de sa pesanteur. C’est cette fragilité là que je voudrais approcher. Felip Costes